mercredi 19 mars 2008

Spectacle Cherbourg

Le poignant Déversoir d'Angéla Laurier

Demain. Angéla Laurier est une acrobate contorsionniste.Le spectacle raconte, par le langage du corps, le poids du roman familial.

Le Trident accueille Angéla Laurier le jeudi 20 mars dans le cadre des Assemblées des honnêtes curieux, sur la scène du Vox. Gymnaste depuis son enfance, la contorsionniste a longtemps travaillé avec le monde du cirque. Depuis plusieurs années, l'acrobate travaille seule afin de mettre à jour un projet autobiographique. Appelé Déversoir dans sa version définitive, ce projet d'abord intitulé Exutoire raconte la délicate et émouvante relation entre son frère Dominique, schizophrène, et leur père, dépressif.

Devant un grand écran

« La contorsion et l'entraînement sont un enfermement, comme la folie de mon frère. Travailler me libère de beaucoup de choses », confie Angéla, « Mon métier de contorsionniste est mon exutoire aliénant. Ma famille, je la porte en moi, c'est d'abord mon père et mon frère, que je filme pour rester objective. Après une coupure de plus de trois ans avec mon père, j'ai ressenti le besoin de renouer. Par l'intermédiaire de la caméra, j'ai trouvé une façon de le réapprivoiser pour qu'il puisse se raconter ». Le spectacle est le fruit de plusieurs rencontres, avec François Verret, metteur en scène, Manuel Pasdelou, à la prise de son et la vidéo, et Florent Pasdelou, régisseur du Centre des Arts du Cirque et scénographe. Angéla vit maintenant entre l'Ardèche et la Normandie, et elle retourne régulièrement voir sa nombreuse famille de l'autre côté de l'océan. Sur scène, l'artiste évolue devant un grand écran où est projeté le film touchant des confessions de son père et de son frère.

Le travail physique est impressionnant : le corps d'Angéla se plie, se casse presque mais résiste toujours, pour évoquer la souffrance psychique de ses proches, sur fond de crissements évocateurs. Même si c'est l'histoire d'un conflit, Déversoir est salvateur : « Je suis maintenant en paix avec cet épisode, je le regarde sereinement. Quand mon frère est venu me voir en France, lui aussi a aimé et compris mon travail ». Un spectacle fort, à ne pas manquer.

Déversoir, jeudi 20 mars à 20 h 45 au Vox, tarif 7 €, tél. 02 33 88 55 55.

Ouest-France

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