vendredi 27 février 2009

Actualités Cherborug

Trains : « On n'oublie pas la Normandie »

Le hall rénové de la gare de Caen sera inauguré ce matin par Guillaume Pepy, président de la SNCF. : Stéphane GeufroiLe hall rénové de la gare de Caen sera inauguré ce matin par Guillaume Pepy, président de la SNCF. : Stéphane Geufroi

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, inaugure aujourd'hui la gare de Caen rénovée. Il devra rassurer les élus locaux sur la modernisation ferroviaire en Normandie.

Entretien

Guillaume Pepy, 50 ans, préside la SNCF depuis un an pour un mandat de cinq ans.

Temps de trajets trop longs, matériels obsolètes... La Basse-Normandie se considère comme l'oubliée de la SNCF. Qu'en dites-vous ?

Les Bas-Normands ont le sentiment d'être plus éloignés de Paris qu'ils ne l'étaient. Les élus sont très actifs sur le sujet. La très grande vitesse a changé la perception des distances entre les villes principales. La loi de Grenelle 1 a retenu spécifiquement la Normandie comme un des objectifs d'amélioration de la qualité des infrastructures ferroviaires des régions qui n'ont pas la grande vitesse. Le ministre Dominique Bussereau l'a confirmé aux élus concernés. Ce sera le sujet central des assises ferroviaires, le lundi 23 mars prochain, à Caen. On n'oublie pas la Normandie.

On ressent une exaspération de plus en plus grande des usagers normands de la SNCF. Que leur dites-vous ?

J'accepte les critiques quand elles sont justifiées. Je peux entendre les mécontentements. Les grèves à Saint-Lazare et les grands froids se sont ajoutés à une période de rodage nécessaire de la nouvelle grille horaire. Nous avons amélioré les choses depuis fin janvier, nous avons retrouvé une bonne régularité et le cadencement a apporté une offre de 15 % de trains en plus.

Le TGV en Normandie, c'est pour quand ?

Le TGV est un outil adapté quand il y a plusieurs millions de voyageurs et des liaisons qui se prolongent alors que, Cherbourg et Granville sont des terminus. Je ne peux pas penser qu'aux lignes à grande vitesse. Je m'intéresse également aux trains classiques Intercités. Le fait qu'il n'y ait pas d'infrastructures à grande vitesse nécessite un surcroît de volontarisme et d'attention.

Quand allez-vous changer le matériel ?

La question du matériel est centrale. Les turbotrains ont laissé une image forte. On vient d'améliorer le matériel existant. 14 rames sur 14, soit 160 voitures, ont été rénovées entre début 2008 et début 2009 sur l'axe Paris-Caen-Cherbourg. Un budget de 44 millions financés à 50 % par la SNCF et 50 % par le conseil régional. Quand les Corail seront en fin de vie ¯ d'ici 5 à 10 ans ¯ on réfléchira à des automotrices électriques modernes. Ce nouveau matériel Interville fonctionne déjà en Italie, en Suisse, en Allemagne. Pas à la très grande vitesse de 320 km/h, mais quand même à 200 km/h. Il nous faudra discuter du financement avec les élus.

Le Paris-Granville est d'un autre temps : toujours pas électrifié, trains en panne, retards, voitures bondées. Qu'avez-vous prévu ?

Il est à l'ordre du jour de ma réunion avec Laurent Beauvais ce vendredi. Les élus et les voyageurs ont raison de dire que cette ligne ne fonctionne pas comme elle le devrait. C'est exact. La cause principale tient à un matériel qui n'est pas adéquat pour une grande ligne. L'électrification de la compétence de RFF sera abordée aux assises ferroviaires du 23 mars. Il y a une demande. Mais sur une ligne qui ne fait pas de bénéfice, si on veut investir massivement il faut un tour de table.

On parle de 4 milliards d'euros pour améliorer le tronçon entre Mantes et Paris. Pour quand ?

C'est un projet important et structurant. Christian Blanc, (secrétaire d'État chargé du développement de la région capitale), va présenter ses travaux sur les transports du grand Paris. Parmi les hypothèses il y a celle de prolonger le RER E qui s'arrête à Haussman-Saint-Lazare vers La Défense par un tunnel. C'est le projet « Eole à l'Ouest ». Il permettrait de séparer les trains rapides normands et les trains transiliens qui s'arrêtent plus fréquemment.

Pour aller de Paris au Mont-Saint-Michel, il vaudra mieux passer par Rennes-Dol ou par Granville ?

Il faut améliorer la liaison avec le Mont-Saint-Michel. Il n'y a pas de solution miracle. Les deux possibilités sont complémentaires. Par Granville avec une correspondance autocar depuis Granville et par Saint-Malo avec le TGV via Rennes.

Comment avez-vous réagi à la décision du président du conseil régional de suspendre sa participation financière au réseau TER ?

Par la discussion. Nos collaborateurs se sont rencontrés. Je vais en parler directement avec Laurent Beauvais ce vendredi. Depuis février, le TER est à 96 % de régularité. En 2008, le trafic Intercités sur la ligne Paris-Caen-Cherbourg a progressé de 6 %. Il y a des moments mauvais. Il y en a aussi des bons.

Propos recueillis parXavier ORIOT.
Ouest-France

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