mercredi 18 juin 2008

Festival cherbourg

Le journalisme écologique n'a pas que des amis

Marie Vaton a reçu le prix international Planète Manche dans la catégorie presse écrite, pour son enquête « Sel, l'overdose », parue dans le « Nouvel observateur ».  Marie Vaton a reçu le prix international Planète Manche dans la catégorie presse écrite, pour son enquête « Sel, l'overdose », parue dans le « Nouvel observateur ».

Point d'orgue du festival Planète Manche, le prix international des médias a permis aux journalistes traitant de sujets environnementaux d'évoquer la force des lobbys.

Pour sa première édition, les candidats n'étaient pas encore plétore. Une dizaine dans la catégorie télé, autant en presse écrite comme en photo, une demi-douzaine en radio: la sélection de reportages en lice pour ce 1er prix international des médias organisé dans le cadre du festival  Planète Manche (voir Dimanche Ouest-France), sur un concept similaire à celui des correspondants de guerre à Bayeux, reflète cependant la diversité des problèmes d'environnement. Pollution en Sibérie, mortalité des abeilles en Italie, prolifération des nanoparticules en France, pollution au mercure en Guyane, etc.

Lauréate dans la catégorie presse écrite, pour son enquête parue dans le Nouvel Observateur, Marie Vaton s'est attaquée à une question de santé publique: l'utilisation du sel dans l'industrie agro-alimentaire. « Je suis tombée sur la plainte commune en diffamation déposée par le Comité des salines de France et les Salins du midi, se souvient cette journaliste indépendante de 28 ans, originaire de Marseille, à l'encontre d'un chercheur de l'Inserm. Pierre Meneton s'est élevé contre l'emploi du sel pour augmenter le poids des produits, pour masquer le manque de goût des plats préparés, ou encore tout simplement pour donner soif aux consommateurs. J'ai proposé à la rédaction du Nouvel obs de traiter ce sujet. »

Une enquête ardue. Munie des documents fournis par ce chercheur, Marie Vaton a cherché à rencontrer des industriels pour leur demander de s'expliquer. « Ils ont refusé de me recevoir. Ou bien n'ont jamais donné suite à mes appels téléphoniques.»

Depuis la parution de son reportage dénonçant la situation, Marie Vaton n'a reçu aucun droit de réponse, ni réaction des industriels. Pierre Meneton a pour sa part gagné son procès. « Le plus inquiétant, analyse-t-elle, c'est de voir qu'en France, la recherche scientifique indépendante devient de plus en plus difficile, par manque de financement. Les lobbys, eux, sont capables de s'interposer partout: au sein des organismes publics, auprès du législateurs, et tentent de contrôler le grand public via la communication. » Restent les lanceurs d'alerte. « Aux USA, ils ont un statut reconnu. En France, l'idée est actuellement examinée au Sénat. »

Ce prix doté de 7 600 € va permettre à Marie Vaton de continuer ses enquêtes: « J'ai commencé un dossier sur les ondes électro-magnétiques. Et d'ores et déjà, je me heurte aux trois opérateurs. »

Nathalie LECORNU-BAERT.

Ouest-France

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