A Cherbourg, la forteresse retrouve la lumière
Les membres de l'association de la forteresse du Roule et les architectes du projet devant l'une des quatre batteries allemandes. : Les membres de l'association de la forteresse du Roule et les architectes du projet devant l'une des quatre batteries allemandes. :
Dans un an, un nouveau site majeur du tourisme d'histoire ouvrira à Cherbourg. Autour des souterrains et des batteries allemandes qui défendaient le port en 1944.
La montagne du Roule domine Cherbourg du haut de ses 117 m. Et elle pourrait bien devenir un des sites phares du tourisme dans la Manche. Le lieu recèle en effet un trésor de la Seconde Guerre mondiale : des souterrains qui serpentent sur 700 m pour desservir quatre batteries et un poste de commandement.
Construite entre 1940 et 1944, par l'occupant allemand, cette forteresse souterraine est restée cachée pendant des années, murée par son propriétaire, la Marine nationale, qui craignait des accidents.
Il y a six ans, quatre hommes décident de tout faire pour mettre le lieu en valeur. Carl Bunoust, créateur du musée de la Liberté à Quinéville, est de ceux-là. « C'est le seul site souterrain de la Seconde Guerre mondiale encore existant et d'une telle richesse ! » (1).
Même dans son jus actuel, l'endroit fascine. On a l'impression de pénétrer dans une grotte fantastique. Ici, pas de béton sauf sur les batteries qui dominent la ville, mais de longs couloirs taillés dans le grès dont la couleur change, des stalactites, une lumière irréelle. Le triomphe du minéral. Et pourtant, nous sommes à 100 m au-dessus du niveau de la mer, à flanc de colline. « Les prisonniers qui ont construit cela avec les Allemands ont dégagé dix mille tonnes de cailloux, à coup de dynamite, en utilisant des wagonnets. Un travail de forçat. »
En 1944, la forteresse est prête. Deux cents soldats peuvent vivre ici en autonomie complète pendant trois semaines. Armés de canons de 105, les quatre batteries interdisent tout accès au port ; « qui tient le Roule tient Cherbourg ! »
En juin, les Américains vont parvenir enfin à réduire au silence ce bastion après plusieurs jours de bombardements intensifs. L'une des batteries explose. Elle en porte encore les stigmates, avec cet obus perforant fiché au plus profond de la pierre. Cherbourg est libérée le 26 juin, et peut devenir le plus grand port de ravitaillement des Alliés.
Ce lieu classé Monument historique, chargé d'une telle histoire, et aussi impressionnant, ne pouvait rester ignoré. Dans le plus grand secret, Carl Bunoust, Bernard Lepelley, Claude Letellier et David Gosselin, ont monté un projet pour le faire revivre. Une cinquantaine de bénévoles ont déjà travaillé pour défricher le site, dégager les couloirs, remettre en état ce qui pouvait l'être. Objectif : en faire un espace muséographique de première importance. Le permis de construire a été déposé vendredi.
Et il a suffi de faire visiter l'endroit pour convaincre tous les décideurs, élus ou entreprises, d'apporter leur concours. Au printemps 2009, « un voyage sous la terre, voyage au coeur de l'histoire », sera proposé aux visiteurs. Ces quatre à six millions de touristes, passionnés d'histoire, qui s'arrêtaient jusqu'à présent à Sainte-Mère-Église...
Thierry DUBILLOT.
(1) Les batteries du Mont-Canisy près de Deauville, plus modestes, présentent 250 m de tunnels, 25 alvéoles de casernement, six escaliers à 15 m sous terre.
Ouest-France
mardi 20 mai 2008
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